La noirceur.
Immense, franche, elle enveloppe les personnes qui se trouvent près d'elle et ne ménage personne. Elle n'est pas clémente, elle déteste être jugée gentille, et elle fait peur à bon nombres de personnes, demi-dieux, sorciers et humains. Milena, elle, n'a jamais été effrayée par les ténèbres. À vrai dire, ils la fascinaient, depuis son tout jeune âge. Elle ne pouvait expliquer ce qui l'interpellait autant dans ce monde rempli d'êtres étranges, mais elle ne désirait pas le quitter. Pourtant, son travail de messagère pourrait bien la rattraper. Il s'agissait d'un honneur, bien évidemment, mais aussi d'un effroi. À chaque fois qu'elle partait, Millie songeait à ce qui pourrait arriver en cours de route. Bien évidemment, il lui était arrivée de rencontrer des monstres affreux. Des bestioles si grosses qu'elles ne les avaient pas toutes battues. Certainement, elle en a affronté. Il ne fallait pas exagérer, elle n'était pas une froussarde. Mais une horde d'Empousai qui vous fonce dessus, on évite, hein. Ou encore des Manticores. Qu'est-ce qu'elle pouvait détester ces fichues bestioles. Elles étaient presque imbattable, sauf si on arrivait à leur couper la queue. Sa spatha avait vécu beaucoup de combats.

Bref, elle était seule, ce soir-là. Elle se tenait au milieu de la grande place, cet endroit public qui réunissait les MSR, en général. Ils venaient ici lors des fêtes, lors des grandes occasions. Comme sa nomination en tant que messagère, il y a pas si longtemps que cela. Léo et Lorenzo avaient organisé une petite soirée bien agréable, à laquelle Lena s'était amusée. Mais la romaine n'avait pas dit son dernier mot. Être une guerrière signifiait beaucoup de chose. Elle voulait la victoire. Elle voulait détruire ces maudits Nosferatus. Ceux qui les avaient piégés. À leur tête, la cousine de Milena. Theia Dawson, cette ancienne chasseresse. Cette fille de Neptune que Léo avait affronté à Poudlard. Ceux qui avaient été la cause de l'écroulement du château. C'était désolant, de constater qu'une telle jeune femme se trouvait dans les forces obscurs. Elle pourrait avoir tellement de potentiel parmi eux. Mais tant pis. Si les deux jeunes demoiselles devaient se faire face, un jour, Lena ne ferait pas de cadeau. La famille se construit par le coeur, et non par le sang. Elle avait appris ça au cours des années, surtout avant d'être prisonnière de cette saleté de Casino. Parce que oui, la princesse du ciel avait été longuement enchaînée à cet endroit, pendant 473 ans. Ça fait un bon nombre d'années qu'elle foule cette terre. Seulement, la fille de Jupiter n'avait pas dit son dernier mot, et elle avait réussi à s'en sortir.

Le pire avait été d'apprendre à vivre, à nouveau. Elle avait dû assimiler énormément d'information en très peu de temps, et c'est pourquoi, à certains moments, elle a encore des manières étranges, comme de faire la courbette en se présentant. Mais elle tentait d'y remédier, comme elle était devenue légionnaire. Là-bas, c'était strict. Ce n'était pas les scouts, mais bien quelque chose de plus effrayant, de plus exigeant pour chaque personne. Les soldats n'étaient pas des chiffes molles, et Milena non plus. Jamais elle ne le serait.
Bref, ce soir, elle avait décidé de sortir pour relaisser tomber la poussière de ces derniers jours. Elle allait probablement bientôt partir en voyage, et la brune était nerveuse. Même si tout cela rimait à rencontrer de nouvelles personnes, cela voulait aussi dire qu'il serait difficile de prévenir les autres de son bien-être. Il fallait qu'elle trouve un moyen de lancer des signaux, ou un truc dans le genre. Si son pouvoir serait largement développé, elle pourrait causer une pluie diluvienne, qui voudrait dire « ne vous en faites pas, je vais bien », mais pour le moment, son don était local. Elle pouvait changer la météo dans un espace restreint, et non pas dans le monde entier. Elle était assise sagement sur un banc non loin du QG, se tenant prête à partir si besoin. Vêtue d'une tenue confortable composée d'un débardeur blanc, d'un short en denim foncé et de baskets, elle profitait d'une chaude soirée d'été, se laissant voguer dans ses pensées.