Lancelot J. Everly & Thonny Johnson

Être cuisiner, c’était plutôt pas mal comme boulot, ça me laissait beaucoup de temps libre. Enfin oui, je me levais plus tôt que les autres pour préparer le petit déjeuné et il fallait que je réfléchisse tous les soirs pour le menu du lendemain mais bon. Dans l’ensemble c’était plutôt sympa. Et vu que nous étions en France j’en profitais pour ressortir les vieilles recettes de ma mère. Tout du moins celles dont je me souvenais. Et je me débrouillais pas trop mal. Enfin toujours d’après moi, je n’avais pas vraiment demandé aux autres s’ils avaient l’impression que je les empoisonnais ou non. Je craignais peut-être un peu la réponse. Mais bon, tout le monde mangeait à sa faim et personne n’était encore venu se plaindre, ça voulait dire que ça allait, non? Sinon on m’aurais déjà viré. Ou je me serais viré moi-même, au choix. Heureusement que je n’étais pas pour la mort par empoisonnement, parce que j’avais de quoi faire.

Mais passons. Je ne suis pas un meurtrier, je ne vais pas me mettre à tuer des gens parce que j’en ai envie. Ce qui n’est pas la cas de tout le monde. Et penser à la mort, ce qui m’arrivait assez souvent, me ramenait constamment à Theia. Trois ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois que je l’avais vus, mais je n’arrivais pas à l’oublier. Pourtant je savais ce qu’elle avait fait. Mais à chaque fois que je fermais les yeux, c’était son visage que je voyais. Et ça me détruisait. J’avais de plus en plus de mal à avancer, même s’il le fallait. J’avais aimé Theia. Est-ce que je l’aimais encore? Je n’en savais rien et je ne le serais certainement jamais. Theia était morte. Elle devait certainement être aux Champs du Châtiments à l’heure qu’il est. Enfin, s’ils existaient encore. Je n’étais pas retourné aux Enfers depuis la chute de Poudlard. Je n’avais pas osée. J’avais trop peur de ce que je pourrais y découvrir.

Mon esprit passa de Theia à Nico. Et je pensais automatiquement à Thonny. Je m’inquiétais beaucoup pour elle. Elle aussi avait beaucoup perdue pendant cette bataille. Elle ne savait même pas où se trouvait sa soeur, ni si Nico était encore en vie. Moi je savais qu’il était vivant, je le sentais. Mais j’étais fils d’Hadès, et elle d’Apollon. Comment aurait-elle pu sentir qu’il était encore en vie? Mis à part par la force de l’amour qu’elle lui portait je ne voyais pas. Je décidais donc de passer la voir pour prendre de ses nouvelles. J’arrivais à l’hôpital et commençais à la chercher quand quelqu’un me dit qu’elle se trouvait dans le bureau des infirmières. Je m’y rendis, et tapais doucement contre la porte pour annoncer ma présence. ”Salut Thonny.”

J’entrais dans la pièce. Thonny tenta un petit sourire, mais je voyais bien que ça n’allait pas. Je le voyais toujours chez elle. En vérité, elle n’était pas vraiment très douée pour cacher ce qu’elle ressentait. Et elle avait besoin de réconfort, elle avait besoin d’être rassurée. Alors je la pris dans mes bras, ce que je ne faisais pas souvent, et la berçais doucement. ”Comment tu te sens? Joap va bien?” Je m’inquiétais beaucoup pour eux deux. Je n’avais moi-même pas encore d’enfants, mais je me doutais que ce n’était pas simple d’élever un bébé toute seule. Je lui avais déjà proposée mon aide si elle en avait besoin, et je comptais le refaire une fois de plus. Il lui fallait une présence masculine à cet enfant, et j’étais prêt à assumer ce rôle jusqu’au retour de Nico. Parce qu’il reviendrait. Il aimait Thonny, alors il reviendrait.

Thonny n’allait pas bien, c’était clair. Elle pouvait bien faire semblant, ça ne marchait pas avec moi. Je ne la connaissais pas beaucoup, mais je connaissais très bien Nico. Et si j’arrivais à voir quand mon frère allait mal, avec Thonny c’était encore plus simple. Mais je ne voulais pas la voir triste. Je n’avais pas promis à Nico de veiller sur elle ou rien de ce genre. Il n’avait pas eus le temps de me le demander avant que l’on soit séparés. Mais il n’avait pas eus besoin de me le dire. Je savais qu’il tenait énormément à elle, plus qu’à n’importe qui d’ailleurs. Si je ne veillais pas sur elle j’allais me faire tuer! Non, sans rire, elle était mon dernier lien avec mon frère. Mon dernier lien avec ma famille. Il était normal qu’elle compte à mes yeux.

Toute mon attention était portée sur Thonny. Je l’écoutais me parler de son fils. Son visage changeait totalement d’expression quand elle l’évoquait. Elle paraissait presque heureuse, ce qui n’avait pas dû lui arriver depuis un bon bout de temps. ”Si tu as besoin de quelqu’un pour le garder n’hésite pas, ça me ferait très plaisir.” Bon, ok, je n’étais pas le plus doué avec les enfants. En fait, je n’en avais pas, donc je ne savais pas du tout comment m’y prendre. Mais ça ne devait pas être bien compliqué, non? Si Nico y arrivait je pouvais bien y arriver aussi, il n’y avait pas de raison.

Je suiviais Thonny à travers les couloirs. En fait, j’étais bien capable de me perdre dans cet hôpital, je n’y allais jamais. Même quand j’étais malade, je me soignais tout seul avec ce que m’avais apprit Artémis. Solitaire, moi? Je ne vois pas de quoi vous pouvez bien parler. Mais je n’aime pas forcément la compagnie des autres. Parce qu’ils posent trop de questions, ils sont trop curieux et s’intéressent trop à votre vie privée. Limite on vous voyez discuter avec une fille, une demi-heure après tout le camp pensait que vous sortiez avec cette fille. J’exagère un peu la chose, mais c’est presque ça.

”Oh ne t’inquiète pas, je suis pas un gros mangeur. J’ai pas vraiment faim en vérité, je mange que parce que c’est nécessaire.” Je lui souris pour la rassurer. Enfin, autant que j’étais capable de sourire. Je ne savais plus depuis quand je n’avais pas souris, mais ça devait faire un sacré bout de temps. ”Il ne faut pas que tu t’inquiète Thonny. Je ne sais pas si Nico va bien, mais il est en vie. Je n’avais pas l’intention de tourner autour du pot, la belle fille d’Apollon était déjà assez stressée par tout ce qu’il se passait. Elle avait besoin qu’on la rassure, et j’étais là pour ça.

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Je ne voulais pas la faire pleurer, ce n’était pas mon but, loin de là. Au contraire, je voulais la rassurer. Mais j’avais tellement fermer mon coeur à la peine et à tout autre sentiments que j’en oubliais les causes. Je m’y étais mal pris, je le savais bien. Je n’avais plus cet art de parler aux autres, je ne savais plus comment m’y prendre. D’une certaine façon, je n’étais plus vraiment humain. J’étais simplement un fils d’Hadès, qui savait mieux s’y prendre avec les morts qu’avec les vivants. Pourtant j’avais sus m’y prendre à une époque. Pendant près de deux cents ans j’avais été quelqu’un de sociable, qui aimait discuter avec les autres, qui s’arrangeait toujours pour les faire rire, même quand ils n’avaient pas le morale. Et le pire, c’était bien que j’y arrivais à tout les coups. Maintenant je n’étais même plus capable de faire rire l’enfant le plus heureux du monde.

”Il t’a déjà expliqué notre capacité à sentir la mort? A savoir quand une personne était morte ou non? Je ne pense pas qu’il soit en vie, je le sais, Thonny.” J’espérais vraiment que Nico lui avait déjà expliqué tout ça, il était beaucoup plus doué que moi pour les explications. J’avais déjà du mal à comprendre le fonctionnement de mes pouvoirs moi-même alors l’expliquer à quelqu’un d’autre… Je savais m’en servir, et c’était tout ce qui comptait. Je savais que Nico était en vie, et c’était le principale. Est-ce qu’il allait bien par contre, je n’en savais strictement rien.

Je m’asseyais juste en face de Thonny, posa mes mains sur son bureau. J’avais bien pensé à la prendre à nouveau dans mes bras, mais j’avais refoulé cette idée dans un coin de mon esprit. Un câlin venant de ma part c’était déjà bizarre alors deux, je ne voulais pas lui faire peur, ou lui faire croire que je tentais un rapprochement. Parce que ce n’était pas le cas. J’aimais bien Thonny, je l’appréciais énormément ce n’était pas le problème. Mais il n’y aurait jamais rien de p)lus entre elle et moi. Elle aimait trop Nico, et même si je ne voulais pas me l’avouer, j’aimais trop Theia pour l’oublier.

Je revenais rapidement à Thonny quand elle me communiqua son envie de le voir. Je la regardais le plus sérieusement du monde en secouant la tête. ”Je sais qu’il est en vie Thonny mais je ne sais pas où il est, ni s’il va bien. Et tu ne peux pas partir d’ici, les pensionnaires ont besoin de toi. Joap a besoin de toi. L’extérieur est trop dangereux pour que tu t’y risque et tu le sais autant que moi.” Je n’étais pas certain que ces seules paroles allaient suffir. Je savais de quoi les gens étaient capables par amour. Mais je ne pouvais pas laisser la fille d’Apollon prendre des risques. Elle était en quelques sortes sous ma responsabilité depuis notre séparation avec Nico. S’il lui arrivait quelque chose, il ne me le pardonnerait jamais. ”Je veux bien partir à sa recherche, si tu veux vraiment le retrouver le plus vite possible. Mais toi tu restes ici, ce n’est pas négociable”

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